Un canard quoi? Un canard pékinois? Oui, le vrai, le délicieux 烤鸭　canard rôti pékinois, pas le "canard laqué" servi dans le menu à 8,90 Euros le midi, avec nem en entrée, riz cantonais et litchi ou nougat au choix.

Pour une fois, mon radar à resto est resté en veille ;  j'ai seulement activé ma fonctionnalité "mes amis sont formidables" et suivi le mouvement. Comme pour le pays du sourire, j'ai suivi Mvn yeux fermés et papilles en alerte au Pacifique Belleville. "Tu vas voir", qu'elle m'avait dit, "ils font un vrai 烤鸭 comme à Pékin, pas besoin de réserver, il suffit de venir à 4".

Le jour dit, nous voilà installées à 3 sur une table ronde ; oui, le 4ème nous a fait faux bond, mais qu'à cela ne tienne, nous commandons un canard entier. Soit on va manger beaucoup, soit en emportera le reste. Soit les deux si le Fengshui est favorable.

On part donc sur un canard servi en 2 fois à la façon traditionnelle : d'abord la peau grillée avec des petites crêpes, puis la viande avec une garniture. Il s'agit de tenir la distance, et une carafe de thé glacé maison sans sucre va nous y aider.

Premier service : la peau.

 Au premier plan, la peau du canard, croustillante à souhait, servie avec des crêpes encore chaudes, de l'oignon nouveau émincé et de la sauce Hoisin, épaisse et sucrée. Juste pour le plaisir, un zoom sur la peau, pièce maîtresse du mets :

Et puis une image à but pédagogique, pour ceux qui n'auraient pas encore eu la chance d'apprendre à déguster ce grand classique :

On dispose une crêpe, on l'enduit de sauce Hoisin 海鲜将, on la garnit d'un morceau de peau croustillante, on saupoudre de ciboulette...

Et roulez jeunesse!

 C'est tout simplement délicieux ; le génie de ce plat est de mettre en valeur la peau de la volaille, alors que nos modernes habitudes voudraient la considérer comme un déchet ou pire encore la diaboliser pour cause de gras. Mais pour moi qui préfère depuis longtemps manger la peau bien grillée du confit de canard plutôt que sa viande, cette préparation est une évidence ; elle synthétise harmonieusement mes racines landaises et mes aspirations asiatiques, mes deux cultures gastronomiques, l'innée et l'acquise.

Oui, donc, après la 5° crêpe chacune on a arrêté de les compter, les intérêts du 4° convive sont passés au second plan sous prétexte que "les absents ont toujours tort" et "Oui mais si ça se trouve, il aime pas trop ça et ce sera gâché". Mais même comme ça, on n'a pas pu tout finir, c'était trop bien servi et il fallait assurer pour la suite :

La viande du canard, servie avec du riz et des nouilles sautées. Première bonne surprise, la présentation du canard, les morceaux bien rangés qui gardent la forme de la bête. Deuxième bonne surprise, cette viande est intégralement moëlleuse et bien parfumée. Un gros plan sur le jus qui s'écoule dans le fond du plat : son aspect doré et translucide parle de lui-même, on sent jusqu'ici son parfum. On s'est un peu battues pour saucer nos morceaux de canard à tour de rôle et on n'avait même pas honte!

Une deuxième carafe de thé glacé nous a été nécessaire pour accompagner le deuxième service, et comme prévu, il restait largement de quoi nourrir le malheureux absent. Tous nos (beaux) restes ont été gentiment disposés dans des boîtes à emporter, tandis que nous avons déclaré forfait devant la carte des desserts.

Ceux qui ont lu jusqu'ici ont bien gagné le droit de noter l'adresse !

Et nous sommes redescendues vers la station de métro en roulant sur nos ventres rebondis, un sourire béat sur le visage.